À l’issue du stage à St. George’s Park (Angleterre), la sélectionneuse Pauline Hamill et son encadrement technique choisiront 23 joueuses pour une série de matches amicaux prévus d’ici à la fin de l’année
Près de 70 joueuses ont participé aux trois stages organisés par la FIFA, mêlant ateliers et accompagnement pour les aider à progresser sur le terrain comme en dehors
Guidé par l’ancienne footballeuse afghane et militante des droits des femmes, Khalida Popal, le groupe est resté uni et se prépare à franchir un nouveau cap
Habituellement fief des prestigieuses équipes nationales anglaises, le centre technique national de St. George’s Park a accueilli fin août un groupe exceptionnel de joueuses internationales en exil, écrivant ainsi une nouvelle page d’histoire. Situé à Burton-upon-Trent, le centre technique a accueilli les derniers stages de la FIFA, au terme desquels 23 joueuses seront retenues pour constituer l’équipe de réfugiées afghanes appelée à disputer une série de rencontres amicales d’ici à la fin de l’année. Ces matches, qui marqueront le retour triomphal du football féminin afghan sur la scène internationale après près de quatre ans d’absence, s’inscrivent dans la mission plus large de la FIFA consistant à offrir à toutes et à tous des opportunités et un sentiment d’appartenance grâce au football. « C’est incroyable de voir ces filles réunies ici, de constater la camaraderie qui les unit et de voir que tout cela est possible grâce au football », a déclaré Sarai Bareman, ancienne internationale samoane née en Nouvelle-Zélande et aujourd’hui directrice du Football féminin à la FIFA.
En mai, le Conseil de la FIFA a approuvé la création d’une équipe de réfugiées afghanes dans le cadre du Plan d’action en trois volets de la FIFA en faveur du football féminin afghan. Les deux premiers piliers visent à apporter un soutien humanitaire et logistique aux femmes en Afghanistan, ainsi qu’à intervenir auprès des parties prenantes et organisations concernées afin de garantir un accès durable au sport. Le troisième pilier repose sur l’équipe de réfugiées afghanes, réservée aux joueuses éligibles ayant déjà évolué au niveau national. Le plan ambitieux de la FIFA prévoit un large dispositif de soutien et de services pour les quelque 70 joueuses ayant participé aux trois stages, qu’elles soient finalement retenues ou non. De la conception de la stratégie à la création de l’équipe de réfugiées afghanes, la FIFA a collaboré étroitement avec Khalida Popal, ancienne internationale et militante des droits des femmes, dont le rôle a été déterminant pour maintenir le groupe uni et instiller une véritable volonté de jouer.
L’ancienne légende écossaise Pauline Hamill, qui a dirigé auparavant des équipes nationales de jeunes en Écosse et en Arabie saoudite, a pris les rênes de cette sélection. Entourée d’une équipe de professionnel(le)s dédié(e)s au suivi de l’entraînement, de la santé physique et mentale, du bien-être et de la sécurité des joueuses, Pauline Hamill a dirigé un stage fin juillet à Sydney (Australie), avant de se rendre en Angleterre, à St. George’s Park, pour deux autres stages.
Cette expérience a profondément marqué tous les participants et participantes, et tout particulièrement ces femmes courageuses et résilientes qui ont surmonté l’adversité et saisi l’opportunité qu’incarne cette équipe. Pour les joueuses en exil, la pelouse de St. George’s Park est devenue un espace d’acceptation, d’épanouissement et de solidarité. « Tout le monde aime le football et on a toutes adoré cette expérience », a confié Najma Arefi, présente lors du stage qui vient de s’achever. « La liberté, la sororité, la joie… oublier tout le reste pour simplement savourer l’instant présent. C’est pour cela que l’on continue à jouer. » Sarai Bareman a déclaré : « Dans les quelques conversations que j’ai eues avec elles, ainsi qu’au vu de la manière dont elles interagissent entre elles en tant qu’équipe, mais aussi avec l’encadrement technique, j’ai pu vraiment mesurer toute l’importance de ce moment. Quand on connaît le parcours de certaines de ces joueuses, c’est incroyable de les voir ici, sourire, rire et s’épanouir dans un environnement sûr. Je suis tellement heureuse que nous ayons pu leur offrir cela. »
Stage de préparation de l’équipe de réfugiées afghanes
Si le football a été au cœur des trois stages, l’expérience a été pensée dans une approche globale. L’encadrement technique et le personnel de la FIFA ont apporté un accompagnement en matière de nutrition, de santé, de soutien psychologique et de formation aux médias. Des ateliers animés par les joueuses ont porté sur la cohésion et la tactique, le bien-être et le développement personnel. À chaque étape, la sécurité et la protection des joueuses étaient la priorité absolue. « Elles ont une réelle envie d’expérimenter de nouvelles choses et sont très réceptives. « C’était un vrai plaisir de passer un moment avec elles », a déclaré l’ancienne gardienne de l’équipe d’Angleterre Karen Bardsley, membre de l’encadrement à St. George’s Park. « L’expérience du haut niveau m’a fait comprendre toute la richesse de ce que le football peut offrir », a-t-elle poursuivi. « Mais je sais aussi ce qu’il faut pour se dépasser, aller au-delà de ses propres limites et faire preuve de résilience. Je pense pouvoir leur transmettre non seulement mon expérience, mais aussi la confiance que cela m’a apportée. Comme je l’ai déjà dit, elles apportent tellement d’énergie et de positivité à chaque séance qu’on ne peut qu’y prendre plaisir. J’ai beaucoup appris d’elles. »
Seules 23 joueuses seront retenues pour les premiers matches, mais aucune des participantes aux stages — qu’elles vivent en Australie, au Royaume-Uni ou en Europe — ne sera laissée de côté. La FIFA continuera d’accompagner chacune d’elles à travers diverses initiatives : bien-être et protection, accès à l’éducation et soutien pour trouver de nouvelles opportunités dans le football. Cela pourrait notamment se traduire par des partenariats avec des clubs locaux, la mise à disposition d’équipements et des formations pour entraîneures et arbitres. L’équipe de réfugiées afghanes ne vise pas seulement à offrir à ces joueuses l’occasion de représenter leur pays lors de matches officiels. Il s’agit aussi de les aider à s’épanouir dans leurs pays d’accueil.
« Nous avons appris tellement de choses ici, non seulement sur le terrain, mais aussi en dehors. Être accueillies au centre technique national anglais, entourées de tant d’entraîneurs et de professionnels du football, a été un immense privilège », a souligné Najma Arefi. « C’était une expérience extraordinaire pour nous toutes, et nous espérons que ce projet pilote sera prolongé dans les années à venir et que nous pourrons travailler avec la FIFA sur la vision plus générale. »
En effet, ce projet n’en est encore qu’à ses balbutiements. Les stages de détection organisés cet été, puis les matches prévus plus tard dans l’année, constituent une étape essentielle mais encore précoce des efforts de la FIFA pour soutenir les femmes afghanes, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, grâce au football. La FIFA communiquera prochainement davantage de détails sur l’équipe, la liste des 23 joueuses retenues ainsi que leurs prochaines rencontres et adversaires.
« Ce projet revêt une importance majeure pour la FIFA », a souligné Sarai Bareman. « Lorsqu’on pense à ces femmes, à leur parcours et à tout ce qu’elles ont traversé, il est fondamental pour nous de faire du football un outil pour leur redonner espoir et leur offrir les opportunités qu’elles méritent pleinement. »